Publication
Point de vue de notre expert, Olivier Smague, associé
Les restrictions très strictes en Chine dues aux confinements successifs ont notamment eu pour effet de créer de nombreuses pénuries et générer des perturbations d’une durée indéterminée. Les bassins industriels asiatiques sont encore régulièrement en sous-production (vêtements, chaussures, puces électroniques, composants, pièces détachées). Parallèlement, les réductions d’activité des ports ont également renchéri les tarifs du fret maritime.
A cela s’ajoute désormais une très forte tension sur les marchés des matières premières énergétiques (pétrole, gaz), dans un contexte de crise internationale née du conflit militaire en Ukraine.
L’ensemble conjugué de ces phénomènes a pour effet de générer un terreau inflationniste lié une hausse nécessaire des prix de vente afin de pouvoir préserver les marges des entreprises.
En cette période de clôture des bilans 2021, les perspectives de croissance pour l’année à venir sont revues à la baisse, et l’inflation sur 12 mois est portée à plus de 4%.
L’inquiétude des dirigeants est donc multiple :
- Sourcing : réorganiser les chaines d’approvisionnement pour faire face aux différentes ruptures ;
- Tarifaire : anticiper les hausses de coûts et avoir la capacité de les répercuter sur les prix de ventes au consommateur final ;
- Commerciales : évaluer l’évolution des marchés et l’impact du contexte international sur la consommation.
Ces questions se posent par exemple, et de manière non limitative, dans les domaines d’activités que nous rencontrons:
- Automobile : rupture d’approvisionnement des composants électroniques, puis désormais des faisceaux électriques,
- Agro-alimentaire : hausse des cours des matières premières, grilles tarifaires déjà fixées avec la grande distribution,
- Industrie : impact très importants du coût du gaz et de l’électricité, par exemple dans l’imprimerie, la cartonnerie, du prix des matériaux (notamment le bois et l’acier) et du prix du gaz qui aura un impact sur tous les produits manufacturés,
- Transport : poste carburant prépondérant,
- Négoce : rupture de matières premières (argiles pour production de carrelages par exemple, etc.).
Face à ces incertitudes, et dans le cadre de ses missions, le commissaire aux comptes est à même de les éclairer sur les différentes possibilités qui s’offrent à eux afin de minimiser les effets.
Il existe, par exemple un outil permettant d’atténuer dans le temps l’incidence de la hausse des couts des matières stockées et donc l’impact à venir des baisses de marges: la provision pour hausse de prix. Sa constatation, en franchise d’impôt, peut être réalisée pour toute hausse de cours supérieure à 10%.
Nous invitons nos clients dirigeants à se positionner sur cette option facultative. Toutefois cette mesure comptable et fiscale n’a pas d’incidence sur la trésorerie de l’entreprise, sauf une économie d’impôt.
Tout d’abord, le PGE (Prêt Garanti par l’Etat), dispositif mis en place lors de l’épidémie de Covid 19, demeure disponible sous ses modalités actuelles, jusqu’au 30 juin 2022 et pour toutes les entreprises éligibles et pour quelque motif que ce soit. Pour les entreprises impactées par les conséquences économiques du conflit ukrainien, le gouvernement a de surcroit décidé de relever le montant du PGE pour qu’il puisse atteindre 35 % du chiffre d’affaires, contre 25 % dans le dispositif général.
Parallèlement, les prêts bonifiés de l’État sont également prorogés jusqu’à la fin de l’année 2022. Ils sont eux adaptés aux entreprises n’ayant pas pu bénéficier d’un PGE, mais qui présentent des perspectives réelles de redressement économique.
Le prêt croissance industrie, mis en place en décembre dernier, est désormais ouvert aux entreprises du BTP.
Enfin, les recours au report de paiement des obligations sociales et fiscales est aussi facilité pour les entreprises mises en difficulté par l’augmentation des prix de l’énergie.
En ce qui concerne les aides ciblées, des remises carburants, notamment pour les professionnels du transport sont octroyées, et des aides aux entreprises dont les dépenses de gaz et d’électricité représentent une part élevée des charges, et au moins 3 % du chiffre d’affaires, et qui du fait du renchérissement de leurs dépenses en énergie, deviendraient déficitaires en 2022.
L’incidence de l’ensemble de ces facteurs économiques a pour effet de renforcer la vigilance du commissaire en comptes, une de ses prérogatives consistant à s’assurer que les mesures nécessaires au maintient d’une activité pérenne sont prises et efficaces.